Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les bulles de savon
les bulles de savon
Publicité
Archives
16 octobre 2008

La condition piétonne

 Un matin dernier, j’ai décidé de tenter ma chance et de titiller un peu l’aventure... J’ai pris un nouveau bus.

 

 Ja et double ja ( c’est comme ça qu’on rigole ici ), j’entends déjà les rires moqueurs… Point n’en faut pour me décourager, ce matin je suis tout sourire et j’irai jusqu’au bout de ma petite histoire ! Je grimpe donc dans mon nouveau bus 275 et demande au chauffeur de mon accent le plus latino « Hola, le bus va bien jusqu’à la Facultad Humanidades ?  » Et là, le type me regarde de son regard le plus vide, prend quelques secondes de réflexion et me répond : «  Je sais pas. » … Solitude quand tu nous tient… Je me sens un peu bête de l‘avoir dérangé ce bougre, c’est vrai quoi, il était tranquille, en train de conduire son bus, et moi je débarque sans crier gare avec mes questions hautement intellectuelles… Où va le bus … c’est un truc à demander à un chauffeur ça ?! Non parbleu !

 

 Puisque le bus ne me réussit pas, je décide d’essayer le taxi. Un taxi c’est bien, on donne une adresse, on pose ses fesses sur la banquette arrière, on met sa ceinture et on admire le paysage. On met sa ceinture, on met…sa…mais elle est où celle là ? Je cherche, cherche encore et finit par demander d’une petite voix « Disculpo, mais où est la ceinture s’il vous plait ? » JaJa et triple ja, le chauffeur se marre et me regarde par-dessus le rétro. « Vous êtes pas d’ici vous ? » Euh… ça se voit autant ? Pas le temps de philosopher sur ma condition étrangère car le gars enchaîne sans crier gare : «  Et vous êtes d’où alors ? Ah de France ! Mais qu’est ce que vous faites ici alors, en Argentine ? Et ça vous plait ? Et vous vivez avec qui ? Ah, d’autres étrangers ! Mais vous êtes venues toute seule, vous avez pas trop peur ? Parce qu’ici vous savez il faut faire attention, moi par exemple je laisserais pas ma fille sortir toute seule le soir ! Elle a votre âge, elle fait des études de… » A ce stade là je décroche. Je suppose la suite être un portrait généalogique de ses antécédents et descendants familiaux mais je n’en suis pas très sûre car trop occupée à m’accrocher à la portière et à regarder la route… Mais comment il fait lui pour enchaîner les queues de poisson comme ça tout en me racontant sa vie et en répondant au téléphone ??? ( Je vous jure que si, les chauffeurs de taxi écrivent des textos en conduisant !!! ) Je m’accroche de plus en plus à cette foutue portière en me disant que bon, c’est son métier, il a de la bouteille comme on dit ( pas trop pleine j’espère… ) et que ce genre de course poursuite sur les pavés il doit faire ça depuis des années… 

 

 Finalement, je décide de terminer à pied. A pied c’est encore le plus sûr. Que je croyais. A part les embouteillages de poussettes sur les trottoirs, je risque rien, non ?! Ja, Ja et re Ja ! C’est sans compter sur mon sens de l’équilibre plus que précaire ! Les trottoirs de l’Argentine ressemblent à un champ dévasté par des taupes vengeresses ! Pavés, plus de pavés, re pavés, ah ! un trou !, pavés en petite colline, oh ! un cadeau du chien ! Je passe mon temps à regarder mes pieds et finis par rentrer dans une poussette ! F*** ( oui, ici j’aime bien jurer en anglais, ça fait « cosmopolite » ) Et puis vient l’épreuve de tous les dangers, celle où l’on s’aperçoit que le statut de piéton est sans doute le plus délicat, le moment de cruzar la calle , ou plus trivialement, de traverser la rue… Je suis sur un énorme rond point, sans passage clouté, sans feux pour les voitures, sans chien d’aveugle pour me tendre la patte. J’ose une pointe de pied, un talon, me lance et… arrrg ! Remonte en vitesse sur mon îlot en béton ! Les voitures déboulent à toute vitesse sur la route, sans se préoccuper de savoir si la demoiselle au milieu de ce joyeux bordel va réussir à rejoindre l’autre rive sans laisser un peu d’elle-même sur le pare choc. Ici, le conducteur est roi. Je me rappelle le conseil d’un ami à mon arrivée « Ici, celui qui a la priorité, c’est celui qui va le plus vite. » Evaluant mentalement mes chances de stopper l’engin à moteur avec mes deux petits bras, genre superman, je préfère laisser la place aux voitures et attendre. Cinq minutes. Six. Sept. Huit…

 

 Malgré ces mésaventures déambulatoires, je rassure tout le monde… Je suis toujours entière et même prête à risquer vers d’autres locomotives inédites ! Char à voile, bicyclette ou triple cheval… la suite, bientôt !!!

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Prends garde à tes miches! Va pas te faire esquinter en voulant jouer les aventurières... Enfin, je dis ça... Profite quand même bien de tout! On n'a jamais que les transports qu'on mérite... Choisis bien tes pingouins et n'oublie pas de rigoler comme une baleine (Retire d'abord cette brosse à dents de ta bouche! tu nous éclabousses...) <br /> Je t'embrasse et merci pour ces jolis textes...<br /> <br /> Soluto
M
Très drôle ces petits moments de vie...
B
Que de souvenirs dans tes paroles... ça fait bizarre.<br /> Tu me replonges la bas très (trop) facilement.<br /> Des articles comme ça j'en reveux !!!<br /> <br /> Faut utiliser ton vélo !!!<br /> Le para j'suis sur c'est moins risqué... ;-)<br /> <br /> Bonne continuation, prends soin de toi.<br /> A très bientôt.
Publicité