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les bulles de savon
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16 septembre 2008

Du pays où l'eau coule à l'envers...

Un mois aujourd’hui…

Un an de plus aussi…

Argentine, ciel inconnu, perdue dans ces rues sans noms, suites de numéros sans fin … calle 12, n. 1960 entre 72 y 73, 1900 La Plata. *

 

D’abord les valises, enfin non, les valises c’était au dernier moment, juste avant le départ, comme d’habitude… Ma vie dans deux grands sacs, difficile de choisir les chaussures, prendre quelques livres en français pour me tenir compagnie, Mouton évidemment, mes grandes chaussettes ( pas d’été avant septembre, on dirait que quelqu’un m’a volé une saison…) et puis tout le reste qui pèse lourd à l’aéroport. Mais pas autant que les adieux.

L’avion, qui avait dit que je perdrais ma valise ? C’est chose faite ! Partie en vacances à Santiago du Chili avec l’avion qui a décollé sans nous ( le surbooking où comment entuber les voyageurs…), je ne la retrouverai que quelques jours plus tard. En attendant, pour moi et mes compagnons de voyage Antoine et Cyrille, course dans l’aéroport pour trouver un autre vol…

Arrivée à Buenos Aires, surprise, pas de valise ! Premiers pas sur une terre inconnue, les yeux grands ouverts, mais où suis-je ??? Le bruit, les voitures, les odeurs de viande grillée, les vendeurs à la sauvette, la fatigue et puis le restaurant, enfin… Premier asado, découverte des vins argentins (bebida gratis… votre imagination fera le reste du chemin !) et photo avec le serveur rebaptisé Pedro par nos soins.

Appartement de Benoît, le français qui m’héberge, j’ai dormi 12h avant d’ouvrir les yeux dans une chambre qui n’est pas la mienne. Pas le temps de tergiverser, petit déjeuner sur la terrasse, s’ensuivent trois jours de visite dans la capitale  « la plus européenne » d’Amérique Latine… Tout est pareil mais tout est différent. Les costumes cravate se baladent dans les rues à côté de cartoneros, pas de pavés sur les trottoirs mais des drapeaux argentins partout, fierté du pays. Buenos Aires, ciudad mesclada. La ville dévore les hommes, attire les regards et les convoitises, offre sans regarder à ceux qui tendent la main le luxe et la misère.

 

Dimanche pluvieux, départ pour la Plata, ma ville universitaire. Il fait froid, gris, et triste… Après un dimanche dans une chambre sans chauffage je rejoins les garçons qui partent dans le nord. Découverte du car argentin, semi cama / cama ? Là où il y a de la place car les transports sont bondés ! Vacances d’hiver pour moi, soleil d’été pour vous… Voyager est synonyme de patience, le pays est grand et ici chacun prend son temps. Une nuit en car, pour une fois je ne m’endors pas sur ma voisine. Nous arrivons à Cordoba, agréable ville du nord, agitée par les manifestations des travailleurs qui réclament une retraite décente. « La gauche caviar » traverse le monde …

Auberge de jeunesse, visite de l’église jésuite classée au patrimoine mondiale, pizza (la énième depuis mon arrivée…) et le lendemain Alta Gracia. Avez-vous déjà vu le Che en maillot de bain ??? La maison de famille est devenue un temple touristique, entre culotte courte et treillis militaire, les secrets disparaissent.

Le bus, de nouveau, et Salta la Linda est là, devant nous. Le soleil du nord pour nous réchauffer, les montagnes, le sourire, enfin. Dans l’auberge, je rencontre des français et reste avec eux quelques jours pendant que les garçons descendent plus au sud. Quel bonheur d’entendre parler sa langue maternelle ! Je n’imaginais pas l’effort et la fatigue que demanderait le passage d’une langue à une autre.

A Salta, ballade à cheval dans les montagne, plaisir véritable ! Le calme, le vent, la nature, l’excitation de la vitesse, l’envie de se faire peur. Le lendemain, virée dans le nord à Pumamarca, petit village près des Andes où nous découvrons la montagne aux 7 couleurs les lacs de sel. Inimaginable. Une mer blanche, dure, sèche s’étend loin vers l’horizon. 

Mais il est temps de rentrer, d’avaler les kilomètres et les 22heures de car pour retourner à La Plata…

 

Mauvaise surprise, le froid est toujours là. Et la fac ne commence que dans une semaine (et puis une autre …). La maison de Sebastian ne me plait pas beaucoup, je ne m’y sens pas chez moi. Je (re)découvre l’angoisse, la peur, les crises de larmes, cette boule au fond de l’estomac qui ne veux pas s’en aller. Sebastian travaille et je suis seule. Un nouveau colloc arrive, avec lui ça ne va pas. Et puis au bout de quelques jours, je fais une allergie aux chats et aux cons alors je m’en vais, rapidement. Pas la peine d’insister.

Antoine et Cyrille m’accueillent dans leur maison pour quelques jours. Nous sommes 8, puis 10, puis 13… ! La maison est pleine de français qui cherchent refuge, ici des vêtements sales, là quatre matelas, des brosses à dents dans la salle de bain, une soirée crêpes (Bretagne oblige, les français sont tous bretons !), la chaleur des uns et des autres… «  La casa de Fanny », un vrai bonheur ! Mais pas possible de rester vivre ici car il y a trop de monde et on se marche vite sur les pieds. Je rencontre Hannah, une allemande qui cherche une chambre, puis Joao et Raphael qui cherchent des colocataires… Et pourquoi pas ?

Le temps d’un weekend à Buenos Aires chez Benoît pour mon anniversaire, une soirée à Senor Tango éblouissante, des ballades à la Boca, San thelmo et Tigre ( des noms, rien que des noms pour aiguiser votre curiosité !) et je rentre à la Plata faire ma valise une troisième fois. Basta ! Cette fois j’y suis j’y reste !

 

Et me voilà, dans mon lit, prête pour une deuxième nuit dans une casa qui est déjà la mienne… je me sens bien, je suis calme, souriante. Les brésiliens sont adorables, Hannah est une excellente compagne de chambre. Mon gâteau au chocolat a fait des miracles hier soir, je suis acceptée ! Je sens que la vie va être belle ici. Déjà un mois, le plus dur est fait, le reste est là, devant moi. Asados, cerveza, dulce de leche, tango, intercambio, mate, seminario latinoamericano, noche argentina, tant de saveurs, d’images, de rêves qui aparaissent, de mots nouveaux qui glissent et puis s’installent sans un bruit. Je sais ce qu’est un colchon, je ne retiens pas l’expression se brosser les dents, le conducteur de taxi me raconte ses histoires de famille…

 

Et malgré l’eau qui coule à l’envers, le vent du bout du monde vous apporte mes histoires, mes sourires, mes surprises, et cette mélancolie particulière qui prend les étudiants étrangers certains soirs…

 

Besos muchos a todos *****

Marie Charlotte 20 août 2008

 

 

 

* pour les plumes désireuses, gribouilles et élucubrations peuvent être envoyées à cette adresse…

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Commentaires
A
Merci pour cette sompteuse lecture sur cette Chere Argentine que vous venez de m'offrir, les mots sont beau, chaud, on s'en l'emotion de la plume :)) Merci pour cette delicat pause :)) tres bonne continuation à vous <br /> +++ AL
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